Les Tricheurs : que sont-ils devenus ?

Un article de Pascal De Gendt paru dans le magazine Accroches n°45 (avril-mai 2011).

Les Tricheurs

Les Tricheurs : que sont-ils devenus ?

Ils ont failli s’appeler “Marc et les Girafes” mais ont, heureusement, opté pour Les Tricheurs. Signés par une multinationale, Virgin en l’occurrence, les six amis ont placé Huy sur la carte du pop-rock francophone avant d’exploser en plein vol, laissant Marc Morgan, le chanteur, continuer en solo. Nous les avons retrouvés. Plutôt en forme.

C’était un temps où les paraboots faisaient loi et où les groupes francophones n’avaient pas peur d’imiter les Anglais en transformant les “The” en “Les”. La France avait Les Ablettes et, surtout, Les Innocents. La Belgique découvrait, pour sa part, Les Tricheurs, en 1989, lorsque le single Le Jour J s’offrait un joli carton radiophonique. Dans la foulée, sortait l’unique album du groupe Tendez vos lèvres, nourri de diverses influences dont les plus patentes ramenaient l’auditeur à la pop anglaise des années 1980, The Smiths et House of Love en tête. Treize morceaux qui vont emmener cette bande de copains hutois sur les routes, jusqu’en Louisiane, pendant deux ans. En 1991, alors qu’un deuxième essai était attendu, le groupe se dissolve miné par des désaccords internes sur la direction musicale à prendre mais, surtout, victime des mauvaises ventes de leur premier album. La maison de disques Virgin devait faire un choix : en gros, c’était Axelle Red ou nous, se souvient l’un des protagonistes.

Les Tricheurs, Paris, 1988

Les Tricheurs, Paris, 1988. Photo : Olivier Losson.

Aucune amertume pourtant dans les propos. Plutôt une opinion commune, celle d’avoir eu la chance de vivre le rêve d’un tas de musiciens amateurs : Jamais, je n’aurais cru qu’un jour, je me retrouverais en train d’enregistrer à l’ICP ou embarquer dans une tournée avec un vrai groupe sur lequel misait une maison de disque. Jusque là, Bernard Petit (“Nerbard” pour les intimes) avait plutôt usé sa basse dans de multiples formations aux accents punks ou cold-wave tout en faisant le “roadie” pour Les Révérends du Prince Albert, formation de twist iconoclaste au sein de laquelle jouait Marc Wathieu, alias Marc Morgan. Un boulot également exercé par Sergio Taronna, batteur à ses heures. Lorsque les twisteurs fous tirent leur révérence, Marc embarque ses deux copains dans son nouveau projet. Ils seront rejoints par Marie-Christine Devillers, aux choeurs, Philippe Content aux claviers et le guitariste Bernard Royer. Si ce dernier travaille désormais dans le milieu de la pub et s’est installé en Guadeloupe ou en Martinique, les cinq autres n’ont pas quitté leur berceau hutois. Et, tous, ont gardé une activité musicale.

Marc Morgan, en premier lieu évidemment. Auteur de trois albums solos entre 1994 et 2001 dont le public retiendra surtout la chanson Notre mystères, nos retrouvailles. Mais la lassitude guette, et Marc se tourne bientôt vers d’autres horizons, collaborant avec la structure LAB[au] sur des instrumentaux et accompagnant des performances au festival Netdays, à Bruxelles, en 2004, par exemple. Mais aussi aux Nemo Festival ou Flash Festival parisiens.

Mais il ne laisse pas tomber la guitare pour autant. On le retrouve ainsi dans le projet Phantom featuring Marie-France ainsi qu’aux côtés de Miam Monster Miam, Jacques Duvall et Lio, entre autres, pour la tournée de Phantom dont on a pu avoir un aperçu dans un reportage de l’émission Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) consacré à la chanteuse belgo-portugaise. Pendant ces quelques années, j’ai également continué à écrire des chansons ou des bouts de chansons, signale encore le chanteur. Et l’énergie rock-garage de Phantom l’a finalement poussé à rassembler son groupe (dont Jeronimo) pour enregistrer un nouvel album qui doit encore être mixé. Avec, tout de même, un rappel de cette époque bénie des Tricheurs puisque certains morceaux servant de base de travail proviennent des sessions censées préparer le deuxième album du groupe…

Les Tricheurs, Paris, 1988

Les Tricheurs, Paris, 1988. Photo : Olivier Losson.

L’autre ex-membre bien connu du milieu musical francophone est Sergio Taronna. Parallèlement à ses métiers, disquaire notamment, il monte avec son ami Calo, le label Anorak Supersport. L’activité ne génère pas de salaires, c’est plutôt un hobby si on veut. Mais qui prend beaucoup de temps. Un hobby auquel on doit tout de même la révélation de Jeronimo, IAMX, Soldout ou encore Showstar. Actuellement, on travaille sur la promo de la jeune liégeoise Labiur…

Pour suivre les traces de Bernard Petit, photographe de profession, il faut, par contre, suivre un chemin plus tortueux qui nous mène vers le groupe Nietzsche, qui n’est donc pas mort. Non, il y a même un album prêt depuis deux ans environ. Mais on fait les choses lentement, s’amuse Nerbard. À l’actif duquel on mettra encore des collaborations avec le collectif international 48 Cameras et des coups de main au label namurois Carte Postale. Son activité musicale la plus visible restant finalement son binôme se faisant appeler DJ Vastapan qui, outre l’animation de soirées, organise également des quizz et, surtout, édite plus ou moins régulièrement un podcast (Radio Vastapia) où sont mixées perles musicales du passé et du présent et kitscheries drôlissimes sorties d’on ne sait où.

Pour Philippe Content et Marie-Christine Devillers, les choses se passent un peu différemment. Le premier a tout de même été fort déçu par l’arrêt des Tricheurs. Immédiatement, il propose à Marc Morgan de racheter son matériel. Et je n’ai plus touché à un instrument depuis. Déjà programmateur pour le Centre culturel de Huy à l’époque, Philippe est passé de l’autre côté de la barrière en organisant, depuis 1998, le Festival d’Art de la ville mosane. Dont il a fait une vitrine pour “la musique et les voix du monde”. Enfin, pour Marie-Christine, la fin du groupe a coïncidé avec le début de son métier de maman. Directrice de FormAlim, le Centre de Compétence dans le domaine alimentaire du Forem, elle continue néanmoins à chanter dans un groupe de reprises. Mais ne ferme pas la porte à une activité musicale plus sérieuse si, un beau jour, on lui présente un projet qui l’emballe.

Pas de doute, la flamme brûle toujours chez ces quadras hutois.

Pascal De Gendt.

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Liens.

http ://www.marcmorgan.com/
http ://www.anoraksupersport.com/
http ://web.mac.com/vastapia/radioVastapia

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Discographie des Tricheurs.

1988 : single “Le jour J” et “Cristal Palace” (Virgin).
1988 : maxi-single “Le jour le plus long” (Virgin).
1989 : album “Tendez vos lèvres” (Virgin).
1989 : single “Du charme” et “Rien n’est bien” (Virgin).
1989 : single “Amoureux demain” et “Un avion pour Londres” (Virgin).
1990 : single “Océan impatient” (Virgin).

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Les Tricheurs en ligne.

La discographie des Tricheurs sur Discogs.
Écouter et télécharger l’album “Tendez Vos Lèvres”des Tricheurs.
Écouter et télécharger le Maxi “Le Jour Le Plus Long” des Tricheurs.

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Articles de presse.

“Les Tricheurs : poker d’as”, Le Soir du 05 avril 1989.
“Tendez vos lèvres”, Télé-Moustique du 06 avril 1989.
“Les Tricheurs : as de coeur”, Télé-Moustique du 22 juin 1989.
“Le 27 juin 1989”, TéléMoustique du 13 juillet 1989.

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Photos.

Voir des photos des Tricheurs sur Flickr.

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