Un article de Julie Luong pour le magazine Victoire – Le Soir du 05 mai 2012.
Fan des sixties.
La Liégeoise Juliette Wathieu, alias Mademoiselle Nineteen, surfe sur une Nouvelle Vague très 2012, où rien n’a vraiment d’importance, excepté la nonchalance.
Dans une scène devenue culte du film « Masculin Féminin» de Jean-Luc Godard, Paul -incarné par l’inimitable Jean-Pierre Léaud -, qui travaille pour un institut de sondage, interviewe Elsa, élue «Mademoiselle 19 ans» par le journal du même nom. Cette séquence a inspiré à l’artiste belge Charlotte Beaudry le projet «Mademoiselle Nineteen», mettant en scène des jeunes filles d’aujourd’hui. Et sa première muse n’est autre que la fille de son compagnon, Marc Morgan, entendez Juliette Wathieu, dix-neuf printemps au moment des faits. Cette «Mademoiselle Nineteen» sort aujourd’hui son premier album après avoir envahi les ondes avec «Je ne vois que vous».
Un père chanteur, une belle-mère plasticienne, un frère musicien… Vous deviez devenir artiste ?
Ben oui ! j’ai toujours été baignée dans la musique. Ensuite, quand Charlotte est venue s’installer chez nous, j’ai découvert son travail. Apparemment, je l’inspirais…. J’ai travaillé avec elle, elle prenait des photos de moi et puis elle les mettait en peinture.
Vous avez d’ailleurs repris l’intitulé de l’un de ses projets comme nom de scène…
Oui, on cherchait un nom de scène: on s’est mis autour de la table avec Benjamin Schoos (alias Miam Monster Miam, patron du label Freaksville, à qui on doit l’album, NDLR) et on a pensé à ça… J’avais justement 19 ans.
En même temps, cette référence à Godard, en quoi correspond-elle à votre univers ?
J’aime beaucoup le cinéma de la Nouvelle Vague, Godard, Truffaut, Rohmer… Ça colle très bien avec ma personnalité.
En quoi exactement ?
Dans les films de la Nouvelle Vague, il y a cette image très particulière de la jeune fille, très fraîche… Et puis ce style, ces beautés qu’on ne retrouve pas spécialement dans les films d’aujourd’hui et qui ont quelque chose à dire. C’est léger et en même temps, il y a toujours ce double sens. J’aime ça.
Avec Benjamin Schoos à la composition et Jacques Duval comme parolier (Lio, Birkin, Chamfort…), vous vous êtes bien entourée pour ce premier album. Vous aviez une idée précise de ce que vous vouliez ?
Disons qu’il y a eu une entente directe entre nous… On s’est très vite compris, ils ont amené beaucoup d’idées. En gros, les mélodies étaient déjà faites, il n’y avait plus qu’à chanter dessus.
Votre père, Marc Morgan, n’a pas participé à l’album. C’est un choix concerté ?
En fait, on n’en a jamais vraiment discuté… Comme tout papa, il me demande comment ça se passe, il connaît très bien le milieu. Mais sans plus… J’aime bien cette liberté. Je suis très autonome. Je suis partie de chez mes parents à 18 ans.
Ne craignez-vous pas que Mademoiselle Nineteen – le nom, l’image – ne devienne rapidement obsolète ?
Peut-être que dans dix ans, je serai dans un groupe rock et que j’aurai changé de nom. Mais pour le moment, ça colle bien avec ce que je suis et ça marque une période. Ça marque le début.
À l’avenir, vous pourriez collaborer ?
J’ai déjà fait des chreurs pour lui aux Franco ou sur son album. J’adore ce qu’il fait, je suis sa première fan, je ne dirai jamais non.
Est-ce qu’à 20 ans – vous les avez à présent – vous vous sentez complètement adulte ?
Non… pas vraiment. C’est la période de «transition». On sent qu’on est un peu adulte, et en même temps, j’aime bien rire, faire la conne…
Ça ne vous angoisse pas cet entre-deux ?
Disons que je commence à vouloir dire des choses, à vouloir m’exprimer. Et ce projet musical, c’est une très bonne façon de m’émanciper – j’aime bien ce mot !
Vous réalisez aujourd’hui un shooting mode pour Victoire : ça vous plaît ou ça vous stresse ?
Des photos, j’en ai déjà fait pas mal et ça me plaît. J’essaie surtout de m’amuser. Et pour le coup, je suis vraiment contente parce que je n’ai jamais eu de véritable équipe styliste, maquillage…
Julie Luong.
Photos Julie Calbert. Stylisme Aylen Torres. Coiffure et maquillage Steven Baes.
Photos prises à la nouvelle adresse mode et déco vintage d’Idiz Bogam, 180-182 rue Haute, 1000 Bruxelles.
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