Un article de Thierry Coljon paru dans le journal Le Soir du mardi 30 avril 2013.
Benjamin Schoos, artiste de l’année.
Lundi soir s’est tenue à la ferme du Biéreau, à Louvain-la-Neuve, la dixième cérémonie de remise des Octaves de la Musique. Nommé quatre fois, Benjamin Schoos s’en est allé avec deux statuettes. Portrait du patron du label Freaksville qui, depuis quinze ans, multiplie les productions.
Benjamin Schoos, alias Miam Monster Miam, alias Pretorus Sorel, a publié son premier album en 1998 mais n’avait jusqu’ici décroché aucune Octave de la Musique. Plus par malchance ou en raison d’une forte concurrence car ce n’est pas faute d’avoir été nommé à de nombreuses reprises ces dernières années. Même si, au travers de Jacques Duvall, l’an dernier célébré, c’est un peu lui qui était récompensé. Car il est difficile d’éviter Benjamin (producteur, compositeur, chanteur, arrangeur, patron de label) quand on sait qu’il s’est déjà trouvé derrière Lio, Marie France, Jacques Duvall, Phantom, les Love Drones, Sophie Galet, Marc Morgan, Mademoiselle Nineteen, etc.
Stagiaire à la Soundstation liégeoise en 1996, à sa sortie de rhéto, Benjamin se voit assez rapidement proposer un contrat par Fabrice Lamproye qui, sur son label Soundstation, venait de signer Zop Hopop. Deux ans plus tard sortait son premier album, en anglais, sous le nom de Miam Monster Miam: “J’ai toujours été un passionné de musique, nous a raconté Benjamin. Comme mon premier album a été bien accueilli et que j’ai fait pas mal de concerts, je n’ai plus jamais arrêté.”
Après un deuxième disque tricoté à la maison sur son 8 pistes – une bonne presse mais des ventes limitées -, Miam Monster Miam réussit un très bel album folk (Forgotten ladies, 2003) dont il vend six mille copies. Avec Soleil Noir, ensuite, il passe à la langue française : “J’étais arrivé au bout de quelque chose, je sentais mes limites en anglais, c’était de moins en moins sincère. À l’époque, seul Jeronimo chantait du rock en français.”
C’est à ce moment-là que Fabrice Lamproye met la clé sous le paillasson de son label, créant dans la foulée le festival des Ardentes. Benjamin, dès lors, fonde la firme Freaksville. Sa rencontre avec Jacques Duvall se traduit par un premier album – coût : 5000 euros – qui se vend plutôt bien. La machine est lancée, les productions les plus diverses vont suivre à un rythme soutenu : “L’idée, au départ, était de faire comme Marc Moulin, avec son label Kamikaze sans lendemain. Le succès de Jacques en a décidé autrement. Son disque Hantises est régulièrement cité en France comme culte. On ne savait pas où on allait mais comme les réactions étaient bonnes, on s’est dit continuons dans cette veine underground, car on tient quelque chose. Avec cet esprit du Do it yourself qui est devenu un style.”
Du coup, plus rien n’arrête Benjamin qui compose la chanson “Copycat” pour l’Eurovision, participe au Jeu des dictionnaires sur la RTBF, produit à tout va et sort tous les ans au moins un album sous différents patronymes, jusqu’à ce China Man vs. China Girl, premier disque sous son vrai nom, qui lui vaut d’être aujourd’hui célébré par les Octaves. La presse tant britannique que française est dythirambique et pendant ce temps-là, Benjamin trouve encore le temps de lancer la webradio Rectangle: “En France, un Bertrand Burgalat, avec Tricatel, a avant moi vite senti la nécessité de tout faire soi-même. Pour l’export, c’est une question de contacts. J’ai moi-même démarché pour trouver des partenaires distributeurs un peu partout en Europe. Aujourd’hui, on a 45 références, avec environ 10.000 ventes par an – de 150 à 6000 par album – Freaksville, c’est quatre personnes réunies en asbl, avec la sprl Scalp pour la gestion commerciale. On a été l’an dernier en boni de 15.000 euros, tout de suite réinvestis dans la société, et le budget prévisionnel pour 2013 est de 65.000 euros.”
Et pendant ce temps-là, Benjamin tourne avec son groupe, en Angleterre comme en Espagne (une dizaine de dates en première partie de Dominique A) mais aussi en Chine dont il revient. Une quarantaine de concerts qui connaîtront leur apothéose aux Nuits Botanique, avec un quatuor à cordes mené par JeanFrançois Assy. Avant que ne paraisse le nouvel album de Juan d’Oultremont et celui du groupe congolais Dragon Noir. L’année est loin d’être finie pour Benjamin !
Thierry Coljon.
Benjamin Schoos + cordes sera à l’Orangerie du Botanique le 6 mai, à la même affiche que Daan.
Infos: www.botanique.be
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